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Jean-Jacques Rousseau ( 1712 - 1778 )
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Par son classicisme et son élégance d'écrivain, Rousseau incarne le renouveau de la littérature française, ce qui pour un suisse, est un comble. Il a réussi à transgresser les codes et les normes et à remettre l'art à sa place dans une société qui cherchait un nouvel élan. Toutefois, et c'est en cela qu'il est profondément remarquable, le philosophe qu'il est, annonce bien avant la révolution industrielle, les maux préexistants dont les sociétés humaines seront inéluctablement gangrenés.
En véritable visionnaire, il projettera dans la réverbération des mots et celle de la pensée, l'incidence de l'économie sur les relations sociales et l'évolution de la société, laissant la philosophie des Lumières à son triste sort.
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Honoré de Balzac ( 1799 - 1850 )
S'il est quasi impossible de synthétiser la pensée de Balzac qui n'a d'ailleurs pas cherché à le faire lui-même. Ses divers personnages représentent des moments de son intelligence, reflètent l'activité débordante de son esprit. Ses nuances, ses oppositions, ses contradictions apportent à son œuvre démentielle une réponse claire et précise : il n'y a de vérité que dans l'absolu.
Père littéraire de Flaubert, Wilde, Zola ou Proust parmi les plus célèbres, c'est par la grandeur de sa pensée et l'immensité de son imaginaire qu'il réussit à cerner le moindre des points de vue. Balzac, c'est l'absolutisme total.
Edgar Allan Poe ( 1809 -1849 )
Inventeur du roman policier, qu'il juge mineur par rapport à la poésie, Edgar Poe démontre et cultive le caractère fallacieux de l'opinion reçue. Avec un génie sans commune mesure, il dénonce les prétentions de l'Homme à analyser une situation dans un contexte défini.
En créant le concept de "Corbeau" : il développe le pouvoir de l'imagination sur les croyances et l'opinion publique. Poe aura vite conscience que c'est son métier de journaliste qui viendra en aide financière à son âme de poète, soulignant de ce fait l'impérialisme de la nécessité face aux vertus de l'absolu. Désarmé devant ce constat commun, il ne cessera de tromper le Monde.
Pierre-Joseph Proudhon ( 1809 - 1865 )
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Il incarne à lui seul, le concept d'Anarchisme. Un concept positif et novateur, conscient de la réalité des rapports humains. Proudhon plonge dans l'imaginaire de l'être pour idéaliser un concept moderne. Aujourd'hui, l'humanité et son relent de pessimisme, n'est pas à même de concevoir ce principe, puisque la pensée demeure conformiste par nature.
Il a posé les premières pierres d'un gigantesque édifice en construction permanente, qui représente l'idéal humain.
Hélas, et nos politiques ne font que l'incarner aujourd'hui encore, Proudhon a bien compris que nous n'en sommes qu'au Moyen-Age d'une ère post-impérialiste où toute organisation humaine est représentée par un individu qui donne le "la".
Le "la" d'une doctrine ancestrale représentée par un chef, c'est la fin de cette organisation pyramidale que l'être non détaché de Dieu ne peut concevoir.
Charles Baudelaire ( 1821 - 1867 )
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C'est à sa façon d'entrevoir le beau et la vérité qu'il faut redéfinir Baudelaire.
En condamnant l'acte politique et son hypocrisie morale, en rejetant la prétention des Lumières, des démocraties et toute forme de révolution, il surclasse le pessimisme latent chez des gens qui prétendent incarner le contraire. Charles Baudelaire est à la fois la lumière des mots et la révolution par le verbe. Il dénonce la main mise sur l'imaginaire collectif pour manipuler l'être à des fins sélectives.
Cette évolution de l'individu tendant vers le mal, l'orgueil et le mensonge, dès lors que l'innocence laisse place à l'envie de pouvoir, est le plus subtil message qu'il nous ait laissé. "Etre corvéable à l'opinion, qui en plus, se dit générale, voilà la pire des existences."
Søren Kierkegaard ( 1813 - 1855 )
Père de l'existentialisme, Kierkegaard étudie toutes les formes du désespoir pour se détacher de lui-même, du réel et dénoncer les conceptions de l'Homme, réduite entre deux pôles.
Il oppose le doute et l'espoir. Sans remettre en cause l'existence de Dieu, il cherche une vérité juste pour lui et non la vérité établie par l'ensemble d'une civilisation. En cela, il évoque un imaginaire collectif, basé sur une utopie acceptée.
Fiodor Dostoïevski ( 1821 - 1881 )
En créant des personnages marqués socialement, Dostoïevski opposent de façon dialectique des points de vue qu'il défend corps et âme. Il construit ainsi un univers fait d'imitations et d'oppositions où l'objection et la séduction impriment les relations de l'Homme au Monde.
C'est en défendant toutes les positions sur un sujet donné qu'il met en relief l'absurdité du point de vue. Son influence sur Nietzsche, Freud ou Camus, ainsi que sa proximité avec Kierkegaard, souligne cette part d'angoisse générée par le libre arbitre.
Les obstacles inhérents à la réalité sociale et donc à l'idée que l'on s'en fait sont ainsi la cause de frustrations et de déchirements.
Isidore Ducasse, comte de Lautréamont ( 1846 - 1870 )
Il est l'incarnation d'une révolte imaginaire plus féconde que la vie réelle et que les embryons de rébellion qui pourraient naître. Lautréamont à considérer la création comme un mouvement perpétuel contre l'ordre établi.
La vraie révolte spirituelle est de s'attaquer au Dieu créateur dans la vie réelle. Et selon le même schéma, l'idée doit détrôner l'opinion, et ses personnages s'attaquer au créateur qu'il est. Ainsi sa poésie et ses allégories se déchaînent par tous les moyens contre l'homme et l'humanité qu'il incarne. Cet homme qu'il juge stupide devant la grandeur et l'étendue de son imaginaire et de ses conceptions.
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Guy de Maupassant ( 1850 - 1893 )
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« Les grands artistes sont ceux qui imposent à l’humanité leurs illusions particulières ». Fils spirituel de Flaubert, il s'évertue à développer tout ce qu'il a appris de son mentor...
Disciple de Schopenhauer, il cultive une sorte de pessimisme, en dénonçant le spectacle de la bêtise humaine, qui loin de l'amuser, finira par lui faire horreur.
Il est l'un des premiers grands maîtres du fantastique, c'est le dynamisme de l'écriture et une ponctuation très marquée qui donne une forte densité à son univers, hélas son imaginaire et ses personnages finiront par le dévorer viscéralement.
Arthur Rimbaud ( 1854 - 1891 )
Il place la poésie, comme la force supérieure d'un absolu atteint. Véritable maître en la matière, il n'aura de cesse de chercher dans l'existence le pendant de cette sublimation. Conscient que le poète est un "voyant" et "l'absolue modernité de l'individu", l'écriture forge l'émancipation de l'être contre la société et ses éternels travers de reconnaissances artificielles. Il donne également à la photographie, ses premières lettres de noblesse, persuadé qu'elle deviendra à terme la forme populaire de la poésie.
Oscar Wilde ( 1854 - 1900 )
Selon Wilde, il n'y a pas de livre moral ou immoral, l'art ne doit pas plaire ou déplaire, il doit être l'âme de l'auteur couché sur le papier. Il s'attaque à la superficialité des modes qu'il juge comme l'envers de l'œil averti. Sous le masque du Dandy, il attire ainsi les personnes néfastes à son esprit créateur. Sa poésie fustige le déclin du mensonge ambiant en libérant la vérité de l'âme.
En ce sens, on peut considérer le Portrait de Dorian Grey comme une réponses aux Illusions perdues de Balzac.
André Gide ( 1869 - 1951 )
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Gide est l'un des premiers à remettre en cause philosophiquement la vision européenne sur le Monde. Il détruit le point de vue inquisiteur pour se placer du côté de l'esclave. "Tout est dans l’œil, non dans l'objet." Il fustige la morale religieuse et les bons sentiments, en ouvrant la porte étroite de l’imaginaire face au vide et l'absurdité de la réalité économique et coloniale. Ses écrits sont une invitation à découvrir les réalités du Monde, détachées du joug social qui nous condamne à une perception erronée. Il appelle à une révolution intellectuelle, individuelle et culturelle pour le bien de l'Humanité.
Marcel Proust ( 1871 - 1922 )
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L'oeuvre de Proust est une longue réflexion sur l'indépendance de l'art, et en particulier sur sa capacité à créer un Monde imaginaire qui doit faire abstraction du vide de l'existence. Tout ce qui n'est pas témoignage de l'être par l'art ou l'un de ces dérivés est snobisme et temps perdu.
En cela, sa quête, sa recherche du temps perdu est une éternelle création cherchant à atteindre cette totalité de la réalité qui échappe toujours.
L'encre et la plume demeurent les seules valeurs absolues aptes à dépasser les dogmes de la comédie humaine et des influences extérieures.
Guillaume Apollinaire ( 1880 - 1918 )
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S'il est l'inventeur du Surréalisme, Apollinaire s'inscrit selon moi dans une sorte de continuité de la pensée littéraire.
Indépendant de tout courant existant, il élève l'acte créatif de tout dogme et l'émancipe de toute limite. De son propre point de vue, l'art n'est fondé sur aucune théorie et ne renvoie qu'à l'imagination et à l'intuition. En cela, la nature demeure la seule matière apte à recréer, sur le partage de règles humaines propres, un vaste univers.
L'art tient de la sincérité de l'émotion, de la spontanéité de l’expression et d'une révolte constructive mêlant tradition et modernité, en restant objectif par rapport à l'emprise de celles-ci.
Franz Kafka ( 1883 - 1924 )
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De Kafka, j'aime cette approche selon laquelle l'individu est responsable de toute forme de colonialisme de la pensée.
Sa façon cauchemardesque d'appréhender l'emprise de la norme et du plaisir qu'elle véhicule en fait par sa résistance, l'acte le plus courageux qui soit.
Dans le cheminement de l'imagination de Kafka, le hasard et le pressentiment subliment l'errance de la pensée.
Joseph Delteil ( 1894 - 1978 )
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Il est le chante d'une littérature primitive dominée par la nature et l'instinct.
L'Homme constitue la partie d'un ensemble qui doit traduire le beau, en livrant une vérité intérieure détachée des considérations extérieures et des regards qui tarissent l'essence de la création.
Albert Camus ( 1913 - 1960 )
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C'est sa prise de conscience de l'absurdité de la condition humaine et la révolte intérieure qu'elle justifie qui en fait, selon moi, un des plus grands vecteurs d'influence. L’intransigeance de Camus face à l’existentialisme et face au repli de satisfecit sur les objets de consommation ou sur le prêt à penser lui donne une dimension fabuleuse au regard d'une époque où la seule réflexion était celle de son image dans un miroir.
Il a compris bien avant Sartre, que le Communisme était tout aussi effrayant pour l'Humanité que le Fascisme et le Capitalisme, que tout système était dictature de sans-grades, que la seule issue pour vivre socialement était de se hisser et de collaborer au système.
Milan Kundera ( Né en 1929 )
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Kundera est une sorte de synthèse de la littérature et de la pensée européenne tendant à l'absolution de l'imaginaire en conflit avec l'absolu et l'absurdité qu'il suscite. L'ensemble de son oeuvre est un parcours poétique et créateur qui place la société comme un théâtre de jeu. Le plus incontestable et le plus tangible qu'il soit, est que cette vaste scène voit évoluer les acteurs selon des normes prédéterminées.
L'imagination de l'écrivain entre ainsi en conflit avec la réalité des acteurs, pantins de leur statuts sociaux.
Jean Ferrat ( 1930 - 2010 )
Fervent défenseur de la poésie et de la création artistique, Jean Ferrat finit par se retirer du monde du spectacle. Il aide les artistes à exister et accuse l'industrie du disque de faire passer les considérations financières avant l'art des artistes créatifs. Publiant des lettres ouvertes aux différents acteurs de la vie culturelle, présidents de chaînes, ministres, il dénonce une programmation qui, selon lui, privilégie les chansons « commerciales » plutôt que les créations musicales et poétiques. Il en ressort désabusé par ces pouvoirs qu'il juge limités dans tous les sens du terme.
Pour son aide et ses lumières, je dois considérer Jean Ferrat comme un nautonier : Que serais-je sans toi ?
Stephen King ( Né en 1947 )
Par le biais du fantastique, à la façon de Poe ou de Maupassant, King a avoué l'énorme pouvoir curatif de l'imagination. En développant ce lien complexe qui unit l'auteur à ses personnages, Stephen King brosse un tableau acerbe des rapports humains en mettant en relief la vulnérabilité de nos institutions et de nos croyances.
Selon lui, c'est cette frontière des croyances qui sépare l'imaginaire de la réalité. En jouant, sur le registre de l'horreur et de la terreur, il pointe le paradoxe entre la morale et les événements effroyables qui se produisent sur Terre, entre Dieu et l'être, ce semblant d'équilibre ne tenant que par le jeu de la médiatisation.