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Meurtre au Moulin Rouge

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La particularité de cette enquête tenait en ce simple constat : Carla, célèbre meneuse de revues des années 20, est retrouvée morte dans sa loge au Moulin Rouge. Aucune trace d’effraction, mais la certitude qu’un meurtre avait bien été commis au sein du célèbre cabaret.

Mais qui était Carla ?

Carla était la meilleure amie de Lily, qui dans une sorte de transposition de l'être, était devenue à son contact cette petite princesse que nous connaissons tous.

Cette jeune Lily qui avait tout appris de notre célèbre meneuse de revues était mortifiée, elle avait dû se plier aux exigences de la police pour authentifier le corps et apporter un premier début d'explications à ce meurtre sordide.

Une balle dans la tête de la meneuse de revues la plus éminente de la capitale, et son sang gisant dans le champagne de la dernière soirée d'été de l'année 1927, tel était le constat...

Carla cherchait à changer l'image du Moulin Rouge et Lily était devenue la seule pierre angulaire de ce projet surréaliste.

Pour les autres filles, Lily savait, et Francesco Bocciarelli en était convaincu.

Il avait bien repéré la jolie Delahaye garée devant le cabaret, il ne savait rien, mais le flegme de notre policier allait encore frapper.

Comme dans les pas de Carla, Lily se plaisait à marcher dans les jardins de son enfance, jouer la comédie comme se laisser aller sur scène à moitié nue ne posait aucun problème pour elle.

Toutes les filles du Moulin Rouge sont de mœurs légères, mais Lily paraissait différente, c'est ce qui fascinait tout le monde, c'est ce qui fascinait Carla.

Si elle était devenue une star depuis six mois, au-delà des représentations du fameux cabaret du boulevard de Clichy, elle le devait à son naturel, mais surtout à Carla, qui lui offrait la liberté de se produire en même temps qu'elle continuait à danser.

Carla le répétait à tue-tête et à qui voulait bien l'entendre, Lily était la plus belle fille du Moulin Rouge, la plus intelligente aussi.

Comme à son habitude, Francesco Bocciarelli reprenait point par point tous les détails du meurtre, mais cherchait à connaître les profils et à cerner tout ce qu'il y avait de commun entre ses interlocuteurs et la victime.

Très vite, il apprenait que Carla était originaire de Gênes comme lui, que Lily avait grandi à Birmingham, qu'elles s'étaient rencontrées à Gênes au Théâtre Carlo-Felice.

Si Mistinguett avait fait salles combles l'an dernier avec « Ça, c'est Paris », Lily imposait avec un talent sans précédent son « Italia, mi amore ».

Cette tonitruante « guerre des stars » dont toute la presse parlait était alimenté par Carla en coulisse.

Carla ne fréquentait que peu de personne dans l'intimité, elle était extrêmement solitaire, ça c'était de notoriété publique. Il y avait bien eu une affaire de drogue en 1923, mais rien ne laissait envisager un meurtre.

Carla avait été assassinée d'une balle dans la tête dans sa loge, située juste à côté de la loge rouge, celle des filles les plus en vue, une loge de trois à quatre filles, l'assassinat eu lieu une demi-heure après le spectacle final.

Carla préférait les filles, ses filles...

On disait qu'elle les choisissait ainsi, mais tout n'était que ragots.

« Willkommen! And bienvenue! Welcome!
I'm cabaret, au cabaret, to cabaret! »

C'est Lily qui aurait réécrit cette chanson dans sa forme moderne...

Lily était sa favorite, ça c'est Gina qui le révéla à Francesco.

Lily fascinait Carla.

Mais Lily vivait avec un certain Jean Delahaye, proche cousin du constructeur automobile, qui venait juste de lui en offrir une. Une belle Delahaye 107 synonyme de relance du groupe.

Une anglaise conduisant une voiture française dans les rues de Paris, impressionnait le monde entier comme le monde du spectacle, mais en ce soir de 1927, les palles des moulins internationaux étaient figées.

Gina qui avait entretenue une longue relation avec Carla quelques mois auparavant, venait de découvrir le corps inanimé de Carla, la tête plombée d'une balle de calibre 35.

C'est l'expertise rapide qui venait de le révéler, un Dreyse à aiguille gisait à côté du cadavre, il restait quatre balles dans le barillet, une seule avait suffit...

Carla, Lily, Gina...

Le monde entier et Francesco...

La quatrième fille présente dans la loge ce soir-là, c'était Petra, une franco-russe sublime que Francesco Bocciarelli connaissait pour ses affaires de proxénétisme, le revolver était à elle, mais Petra avait disparu juste après le spectacle...

Tout portait à l'incriminer.

Nous tenions l'assassin.

Non, Petra avait un alibi en béton, puisque c'est avec le nouveau stagiaire que Fransesco tenta vainement de retrouver pour cette affaire, qu'elle s'apprêta à passer la nuit.

Mais, ça c'est une autre histoire...

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Retrouvez la suite dans "Les incandescences d'Alexandre"

« Les mêmes coins abritent les mêmes gens. Sous les colonnes rouges, les solives peintes, dans ce décor de palais barbare, roulent les mêmes types, danseurs et danseuses liés ventre à ventre dans la communion du rythme, mecs et graines de mecs, combinards, vendeurs de neige ou de tuyaux, marchands de viande ou de plaisir, artistes, flâneurs, michetons, lames de fond que n’absorbe pas la grande houle humaine des étrangers curieux. A cet élément mâle s’enlace l’élément femelle, putains, demi-filles, bourgeoises, lesbiennes, et brasseuses d’affaires. Tout se mêle, se fond et se confond dans le lent tourbillon qui, de la piste, gagne les pourtours et les promenoirs. » Henry-Jacques. Moulin Rouge – 1925

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